Lorsque nous nous penchons sur la nomenclature des races canines de la FCI, dans
la rubrique morphologie, nous retrouvons le terme « primitif », en outre
dans 3 sections, classant certaines races en fonction de leur morphologie et d'autres
selon leur morpho-fonctionnalité :
Nous pourrions ajouter à ces races d'autres races non reconnues, comme le Dingo
d'Australie, le Loup d'Abyssinie ou Canis simensis, le Cuon Alpinus ou Dhole, le
Dingo d'Amérique ou Chien de Caroline, le Ca de conills de Minorque, le Podenco
enano del Hierro, le Podenco de Lampedusa ou de Tunis, le Podenco français, le Podenco
gallego et bien d'autres.
Selon le dictionnaire encyclopédique Larousse
Primitif, -ive. du lat. (primitīvus, qui naît le premier)
- adj. Qui appartient au premier état d'une chose
- adj. Qui est dans un état proche de son origine
Primitif, ive du grec (pɾimi'tiβo, -βa)
fr.thefreedictionary.com/primitif
- Qui appartient au premier état d'une chose
- Qui constitue l'élément premier, fondamental
A son tour, origine, dérive du mot latin orīgo, qui se réfère au commencement,
au début, à l'irruption, à l'apparition, à la cause d'une chose.
Nous pouvons donc nous demander si nous connaissons réellement l'origine des races
que nous qualifions de « primitives ».
Répondre à la problématique qui découle du terme « PRIMITIF » s'avère être un thème
extrêmement difficile et nous pourrions rédiger des pages entières sur le sujet.
Cependant, si nous nous référons à la nomenclature des races de la FCI, la dénomination
« chiens primitifs » s'applique aux races pour lesquelles il existe une certaine
connaissance de leur ancienneté, soit environ 2000 ans, et qui sont restées identiques
jusqu'à aujourd'hui, simplement parce qu'elles sont restées géographiquement isolées
au cours d'une certaine période que l'on caractérise de « temps ». C'est par exemple
le cas pour les Spitz en général, les chiens préhispaniques, les chiens rustiques,
les chiens du pharaon, etc.
Ces dernières années, les universitaires, biologistes, paléontologues et chercheurs
ont mis leurs efforts en commun dans le but de définir la manière dont certains
loups ont pu devenir des chiens domestiques. L'objectif étant d'établir une lignée.
L'auteur Javier Salas, journaliste spécialisé dans l'information scientifique,
technologique et environnementale, le 14/11/2013 pour MATERIA, nous présente une
étude publiée dans le
magazine Science,
laquelle
place l'origine du chien domestique en Europe. D'après ce travail, basé sur l'étude
génétique de nombreuses espèces de chiens actuelles et la plus complète jamais réalisée,
le chien se serait approché des chasseurs-cueilleurs bien avant que les humains
ne se mettent à cultiver la terre.
Ossements d'un chien remontant à 8500 ans, découverts dans l'Illinois (Etats-Unis). MATERIA.
Les races canines actuelles portent le mélange de gènes issus des innombrables
croisements
dont elles ont fait l'objet, mais pour lesquelles il est difficile de définir précisément
l'évolution.
Jusqu'à ce jour, de nombreuses études ont tenté d'établir un arbre généalogique
en recherchant les différentes familles génétiques via les analyses ADN de centaines
de races actuelles de chiens.
La première d'entre elles, effectuée en 2002 avait conclu que les premiers
chiens
domestiqués avaient dû l'être il y a 15000 ans, dans une certaine zone d'Asie, correspondant
à la Chine actuelle.
« Le chien a été le premier et le seul animal domestiqué avant l'ère de l'agriculture
».
Une autre étude publiée en 2010, visant à retracer l'origine de cette domestication,
regroupait une analyse de 900 chiens et 400 loups de différentes races.
Ce travail défendait l'idée que l'origine la plus probable serait le Moyen-Orient,
où il existe des preuves archéologiques de la domestication des chiens, datées d'il
y a environ 12000 ans.
« Les chiens semblent partager plus de similitudes génétiques avec les loups gris
du Moyen-Orient qu'avec toute autre population de loups », déclarait le chercheur
Robert Wayne de l'UCLA, l'auteur de cette même étude, qui indiquait que 80 % des
races de chiens sont des races modernes ayant évolué au cours des dernièrs
siècles,
alors que les autres remontent à plusieurs milliers d'années.
Chine ou Moyen-Orient ?
L'ensemble de ces résultats ne permettait cependant pas de clôturer le sujet. L'ADN
contemporain pouvait être à l'origine de certaines pistes, mais il ne s'agissait
pas là de la solution définitive.
Les chercheurs impliqués dans la recherche du premier Toby avaient pour objectif
d'étudier l'ADN des animaux disparus. La clé devant permettre d'éclaircir si cette
évolution si fructueuse se trouvait alors dans les analyses génétiques correspondant
aux premiers chiens et races de loups disparues.
Cette tâche menée par un groupe de chercheurs international, parmi lesquels le Pr.
Wayne, regroupait
l'ADN de loups, ainsi que celui de chiens actuels - depuis le basenji jusqu'au dingo
- en passant par les coyotes.
A cela avaient également été ajoutés 18 échantillons fossiles de chiens
antiques,
depuis le
premier fossile de type chien, retrouvé en Belgique et datant d'il y a 31000 ans,
jusqu'à une dizaine de types de loups différents d'il y a quelques milliers d'années.
Pour en revenir à la nomenclature des races canines de la FCI, dans laquelle on
retrouve l'expression « chiens primitifs » pour la classification morphologique,
ce terme n'est, d'après nos connaissances contemporaines, pas le plus adapté. Pour
le moment, il serait préférable de le remplacer, jusqu'à ce que nous déterminions
la véritable origine de la race canine, par celui de « chiens intermédiaires, pré-modernes,
pré-actuels », etc. dans une volonté de distinguer les races de la nomenclature
datant d'il y a plusieurs milliers d'années, de celles apparues plus récemment,
soit au cours des derniers siècles.
Ermanno Maniero